L'Ere du Paradoxe

Nnimmo Bassey, architecte, environnementaliste et poète nigérian, nous raconte de masques, d’espoirs et de confinement face au virus.

Straßenszene der informellen Einigung von Kibera, Nairobi, Kenia

Image: of Brian Otieno, FES Scène de rue du quartier informel de Kibera, Nairobi, Kenya

Bienvenue à l'ère du paradoxe
Des paniers sur nos bouches
Des masques sur des visages désespérés, nous marchons incognito
Des espoirs fleurissent, s'épanouissent mais les fruits longtemps attendus se fanent
Dans les tempêtes et les embuscades dans les coins derrière des baromètres rouillés et des girouettes
Des appels à l'aide bloqués par une distanciation sociale inviolable
Les frontières nationales fortifiées sont gardées et contrôlées par des sentinelles engourdies
Pendant que les virus flottent dans l'air sans visa
Les armadas navales se vantent de leurs missiles balistiques pendant que les marins y sont enfermés par des ennemis invisibles
Une toux, un frisson soulèvent des poussières et… une grêle de cris démoniaques dans une pandémie
Ce virus flotte dans l'air, glisse sur de l'acier brillant et des planches granuleuses
Pourtant, alors que nos doigts planent et que nos esprits voltigent
Personne ne dit pendant combien de temps le sournois virus vit sur les claviers
Bienvenue à l'ère du paradoxe

Bienvenue à l'ère du paradoxe
Où étions-nous quand les oiseaux gazouillaient le message et
Les lézards hochaient la tête avec un assentiment prodigieux
Ventre protubérant acceptant et s’éclipsant dans le doute?
Pourtant, dans une saison exaspérante sans choléra
Nous accumulons des papiers de merde enroulés dans des rêves aqueux
La mentalité de troupeau enracinée par la peur du connu
Les politiciens transforment les chefs d'orchestres entonnant un hymne funèbre sans fin
Brisent les filets de sécurité sociale déchirés par la bonne volonté
Des milliers de milliards ont été jetés sur des fusils rouillés, des grenades et du matériel grippé
Des milliards de dollars distribués aux plus pauvres des pauvres imaginaires que personne ne pouvait voir, peu importe là où vous regardez
Une pandémie de corruption éclate en millions de séquences innovantes
Bienvenue à l'ère du paradoxe

Bienvenue à l'ère du paradoxe
Puisque l'accumulation reste le credo-même en temps de mort
Aujourd'hui, nous nous demandons si notre demeure est là où le cœur est
Pourquoi les pieds agités glissent d'une porte verrouillée à une porte verrouillée
Cherchant une pause pour sauter dans le brutal
Étreinte de brutes dans des bottines qui avaient oublié leur cœur dans des maisons sans amour
Autorisé à parcourir les rues et les filles, mères et épouses menacées de flèches empoisonnées sous leur ceinture
Dans l'obscurité et l’apocalypse
Les riches et les courtiers en pouvoir autrefois fiers d'être péripatéticiens à présent nient leur histoire vagabonde
Mais tout se termine aux mêmes portes infestées de rats délabrés
Des cliniques de maladies qu'ils ont refusé de financer
Bienvenue à l'ère du paradoxe 

Bienvenue à l'ère du paradoxe
Pas de mandats de perquisition, pas de quais, pas de plaidoiries à leurs seigneuries
Pas de jugements, pourtant le monde est condamné
Mis en quarantaine, en confinement, en isolement
La terreur,  alors que les nez coulant paralysent les déplacements
Et un simple éternuement fait honte aux vedettes olympiennes
Nous cloue au sol, nous confine, nous séquestre, nous isole
Nous assistons à des fêtes de l'esprit et jetons des plaisanteries en l'air
Les araignées tissent des toiles complexes sous des chaises pivotantes
Et les travailleurs se parlent de clavier à clavier
Des esprits aseptisés, les yeux fermés s'ouvrent
Les mains coincées sous l'eau courante de robinets longtemps asséchés
Bienvenue à l'ère du paradoxe

Bienvenue à l'ère du paradoxe
Des chauves-souris débarrassés du corona virus dorment maintenant la nuit
Les hommes en respiration sifflante et somnolents les tranches d’heure entre le jour et la nuit
Mais si les chauves-souris ont donné naissance à la douleur, pourquoi les hommes sont-ils toujours déterminés à voler leurs habitats?
Les habitats disparaissent, les espèces vont en extinction, mais 10 humains sont piégés dans des boîtes de 3m X 3 !
Et si le Coronavirus était votre Frankenstein ou le génie s’étant échappé du bouchon?
Des émerveillements cachés tourmentent nos cœurs
Comme ces parents expulsés de leurs maisons
Cherchent l’abri et frappent à nos portes
La société sans argent liquide meurt de faim tandis que l'argent liquide se retrouve dans les poches sans fond des milliardaires
Les maîtres du monde crient que la population mondiale doit être réduite de 15%
Façon de supprimer les statistiques selon lesquelles leur richesse est égale à celle du reste du monde
Pourquoi les riches ne placent-ils pas leur cou doré sur la dalle d'abattage
Ou ne sont-ils pas les premiers à être vaccinés contre le virus de la cupidité?
Bienvenue à l'ère du paradoxe
 

Nnimmo Bassey dirige le think tank écologique ‘’Health of Mother Earth Foundation’’  (HOMEF) et est membre de la ‘’Coalition for Socio-Ecological Transformation’’ (CoSET), Nigeria.

(French translation of English original version)


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